En ce moment, Chanel souffre d'une grossesse nerveuse et de lactation.
Mais la grossesse nerveuse c'est quoi ?
Entre la cinquième et la douzième semaine après la fin des chaleurs, la chienne change de comportement, devient agitée, plus "nerveuse" plus calme ou au contraire plus distante. Tout, dans son appétit, son désir de materner les objets les plus divers (pantoufles, jouets, autres animaux de la maison) fait croire à une vraie grossesse. Et pourtant elle est bel et bien "vide" On parle en jargon vétérinaire de pseudogestation. Lorsque, quelques semaines plus tard, la chienne concernée va se mettre à sécréter du lait, on parlera de lactation de pseudogestation ou lactation nerveuse.
Pas toujours une maladie
En général, les manifestations de grossesse chez des chiennes qui ne sont pas gestantes cessent spontanément en une à trois semaines. Lorsqu'une lactation nerveuse, qui en fait le dernier stade de la grossesse nerveuse, s'installe, on observe au début la sécrétion d'un liquide brunâtre et peu abondant, qui peut donner suite à une véritable production de lait.
Ces manifestations ne sont pas le signe d'une maladie. Elles peuvent se produire sur toutes les chiennes, qu'elles aient été accouplées au cours des chaleurs ou non et même si elles n'ont jamais eu de portées antérieurement. En fait, chez la chienne, les changements hormonaux qui surviennent après les chaleurs sont les mêmes que celle-ci soit ou non gestante. En particulier, la progestérone, qui est l'hormone de la grossesse, est sécrétée même si la chienne n'est pas enceinte. Environ deux mois après les chaleurs, la baisse du taux de cette hormone dans le sang déclenche la synthèse d'une autre hormone, la prolactine, laquelle a pour effet de stimuler la lactation, parfois même chez des chiennes qui n'attendent pas de petits, et qui vont ainsi présenter une lactation "nerveuse".
Cela signifie que, même non gestante, la chienne semble se préparer -sur le plan hormonal- à un accouchement. Dans ces conditions, toutes les chiennes devraient présenter des grossesses ou des lactations nerveuses. Or ce n'est pas le cas. Et on ne sait pas pourquoi. Tout au plus peut-on penser que ces manifestations marquent chez certaines chiennes l'exacerbation d'un fonctionnement hormonal normal, prouvant même, à la limite, que la chienne concernée est potentiellement une bonne reproductrice puisque son métabolisme hormonal est normal. C'est là une des premières conséquences pratiques pour l'éleveur si une chienne reste vide après un accouplement et qu'elle fait une lactation nerveuse, ce n'est pas le signe d'un dysfonctionnement hormonal et souvent c'est même le contraire.
Lactation nerveuse
La lactation "nerveuse" est, selon de nombreux spécialistes du comportement, une de ces manifestations de phénomène de meute.
En réalité, la lactation ne s'établit chez la chienne que s'il y a eu dans son organisme des mécanismes hormonaux mimant une gestation. C'est la raison pour laquelle on dit que la lactation nerveuse fait suite à une "grossesse nerveuse".
Phénomène de meute
Prenons l'exemple des chaleurs "synchronisées". Dans un lot de chiennes, l'une d'entre elles va entrer en chaleurs. Dans les jours qui suivent, et particulièrement si la première chienne est une dominante, plusieurs femelles du groupe vont aussi présenter leurs "feux" même si certaines chiennes n'étaient pas, en fonction de leur cyclicité habituelle, supposées entrer en chaleurs à cette période. Ce phénomène de meute, comme beaucoup d'autres du même genre, est probablement lié à des échanges de signaux sociaux ou olfactifs (phéromones) de nature inconnue et en tous les cas indéchiffrables pour nous autres humains. De ce fait les éleveurs se trouvent malheureusement avec toutes les portées de chiots aux mêmes moments de l'année alors qu'il y a de vastes périodes de temps pendant lesquelles ils n'ont aucun chiot à vendre. Et, pour le moment, les chercheurs n'ont pas beaucoup de solutions à proposer.
Un peu d'éthologie
Pour expliquer l'apparition de ce phénomène chez certaines chiennes et pas chez d'autres, certains chercheurs ont proposé une interprétation basée sur l'étude du comportement du loup ou de ce qu'on observe chez les chiens sauvages (lycaons, dingos). Dans une meute, on observe ainsi que les femelles dominantes empêchent l'accouplement des femelles de rang immédiatement inférieur. Alors que les chiennes très dominées, en bas de l'échelle sociale, n'ont souvent même pas de chaleurs, les chiennes de catégorie moyenne présentent des chaleurs synchronisées dont nous avons parlé plus haut, suivant celles des dominantes, et ont en conséquence environ deux mois plus tard du lait, par un phénomène de lactation nerveuse. Elles vont ainsi pouvoir nourrir les chiots des dominantes, c'est-à-dire les chiots de la collectivité. Dans les élevages, du reste, des chiennes en lactation de pseudogestation peuvent très bien, et sans inconvénient pour leur santé, nourrir et élever les chiots d'une autre chienne.
Traitement ou non ?
Ils existent de nombreux traitement, les plus efficaces et les moins nocifs sont à base de substances dites antiprolactines, c'est-à-dire inhibant la sécrétion de la prolactine dont nous avons parlé plus haut. N'hésitez pas à consulter votre vétérinaire.
Moi j'utilise l'homéopathie qui fonctionne très bien avec ma chienne.(Pulsatilla 15cv )
Dans des cas modérés, le recours à une telle thérapeutique n'est souvent pas nécessaire même si elle accélère la guérison. Des "petits moyens" sont souvent aussi efficaces. Il est en tous cas impératif, si votre chienne fait une lactation nerveuse, d'appliquer certaines règles d'hygiène. Le principe est de créer un choc psychologique qui arrête la montée de lait.
Il faut ainsi :
- mettre la chienne à la diète absolue pendant 48 heures (en limitant au maximum la prise de boisson)
- confisquer tous les objets qu'elle pourrait materner (jouets, chiffons, pantoufles)
- empêcher qu'elle construise ou qu'elle se couche dans un nid
- la faire bénéficier de sorties et de distractions fréquentes.
On doit de plus éviter que la chienne ne se lèche les mamelles. Pour cela, l'idéal est de lui placer autour du cou pendant trois ou quatre jours une collerette en plastique disponible chez votre vétérinaire. Cela hâtera beaucoup la guérison.
Prévention
Bien entendu, si on est gêné par de trop fréquentes grossesses ou lactations nerveuses, le mieux est de songer à faire retirer les ovaires de la chienne.
Et vous, votre chienne fait-elle des grossesses nerveuses ?